Parmi les nombreux postulats d'Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, sur la poésie : « Il n'existe pas deux genres de poésies, il n'en est qu'une », ou « La poésie doit avoir pour but la vérité pratique », ou encore « Un poète doit être plus utile qu'un citoyen de sa tribu », celui qui ouvre en grand l'avenir dit que « La poésie doit être faite par tous. Non par un ». Deux interprétations s'imbriquent : l'une, la poésie doit être faite par tout le monde et l'autre, elle doit être faite à plusieurs, tous ensemble. Dans les deux cas, le pluriel l'emporte, signifiant qu'il existe en poésie autant de langues que d'individus. Se saisir de cet enjeu majeur amène à considérer la poésie comme un acte collectif, sans pour autant remettre en cause l'évidence qu'elle est le langage intérieur propre à chacun. La faire par tous, comme le propose Lautréamont, revient donc à additionner et multiplier des pluralités avec des particularités. C'est dans cette perspective d'un nouveau pluriel délibérément utopique que se situe le poème éponyme ci-après. qui inverse les accords, en mettant le s au début et non à la fin des mots. La poésie se répandrait ainsi dans un langage universel, jeu d'enfants qui espèrent en tout.
UN NOUVEAU PLURIEL
Pour un nouveau pluriel échangeons
Les S plus derrière mais devant
Ainsi que fait la couleur de l’ombre
En remplissant le hasard tout sombre
Où si tu vois passer un savant
Regarde ce qui se passe avant
Comme avant d’aller à l’abordage
Prévoit donc déjà le sabordage
Quand le sage croit vivre sans âge
Comments