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Photo du rédacteurMaurice Coton

Un nouveau pluriel

Parmi les nombreux postulats d'Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, sur la poésie : « Il n'existe pas deux genres de poésies, il n'en est qu'une », ou « La poésie doit avoir pour but la vérité pratique », ou encore « Un poète doit être plus utile qu'un citoyen de sa tribu », celui qui ouvre en grand l'avenir dit que « La poésie doit être faite par tous. Non par un ». Deux interprétations s'imbriquent : l'une, la poésie doit être faite par tout le monde et l'autre, elle doit être faite à plusieurs, tous ensemble. Dans les deux cas, le pluriel l'emporte, signifiant qu'il existe en poésie autant de langues que d'individus. Se saisir de cet enjeu majeur amène à considérer la poésie comme un acte collectif, sans pour autant remettre en cause l'évidence qu'elle est le langage intérieur propre à chacun. La faire par tous, comme le propose Lautréamont, revient donc à additionner et multiplier des pluralités avec des particularités. C'est dans cette perspective d'un nouveau pluriel délibérément utopique que se situe le poème éponyme ci-après. qui inverse les accords, en mettant le s au début et non à la fin des mots. La poésie se répandrait ainsi dans un langage universel, jeu d'enfants qui espèrent en tout.


UN NOUVEAU PLURIEL 


Pour un nouveau pluriel échangeons 

Les S plus derrière mais devant 

Ainsi que fait la couleur de l’ombre 

En remplissant le hasard tout sombre 

Où si tu vois passer un savant 

Regarde ce qui se passe avant 

Comme avant d’aller à l’abordage 

Prévoit donc déjà le sabordage 

Quand le sage croit vivre sans âge  






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