Une ode au bigorneau, quelle idée ! loin de celle que nous nous faisons de la poésie, toujours poussée à célébrer les cimes suprêmes de l'être. N'est-ce pas alors une ode aux petits riens ? Le bigorneau pourtant a toute sa place, décorative et gustative, dans les plateaux de fruits de mer. Ce serait même une faute d'oublier de le mettre, en nombres. Dans son expression la plus ancienne, la poésie joue ce rôle, en n'oubliant jamais de se ranger aux côtés de ces riens, et guidée par l'impérieuse envie de désirer "tout ou rien". Quant au pique indispensable pour avaler le bigorneau, il ne figure pas dans le poème. Même le bec acéré de l'oiseau marin ne parvient pas à l'extraire de sa coquille. Le poète, dans la coquille noire des mots, attend son tour d'écrire le monde, tel qu'il l'imagine sur un plateau royal.
ODE AU BIGORNEAU
Au Guilvinec
A l’instar de la sterne
L’iris du Finistère
Sur l’estran bleu du Steir
Un tel gastéropode
Dedans son phalanstère
En son austère coque
Garde tout son mystère
Contre ce haut gangster
A l’hystérique vol
Le bigorneau, comme son nom l'indique, est natif du pays de Bigots du nord
la légende raconte, qu'un roi rêveur et légèrement austère,
versa une larme d'espoir dans un petit verre rond et bombé
Celui-ci fut transporté par un oiseau aux ailes éphémères
jusqu'aux rives chahutées de la mer du nord
Mais avant qu'il arrive à bon port
La larme s'échappa en se laissant furtivement du bord tomber
pour enfin se poser sur la vareuse d'un pêcheur breton assez fier
Qui avait largué ses amarres dans une rade du Finistère
Tout étonné par ce curieux présage
Il l'a cacha secrètement dans un coquillage.
C'est ainsi que naquit le délicieux et délicat bigorneau.