Quelles relations ou correspondances entre le poème précédent, N'est poète que celui qui le désire", écrit au début des années 1970, et les deux poèmes du mois d'octobre 2019 qui suivent ? A mon corps défendant, comme en me protégeant presque d'en être l'auteur, j'expliquerais qu'ils dressent tous les trois un portait final de moi-même dans un temps indéterminé, peut-être celui de la poésie qui coule dans mes veines. Non pas vingt-quatre heures par jour, mais chaque fois que je m'empare d'un bout de papier pour griffonner et polir quelques vers. Dans ce sens, j'ose me servir d'expressions équivoques, comme Les irremplaçables et Qui suis-je, pour me confondre avec mon époque, sans pour autant m'y laisser prendre.
LES IRREMPLAÇABLES
Cerbères qui trépassèrent
Serviteurs écervelés
Certains en cercles serrés
Cernés par des adversaires
Émissaires de faussaires
Tous leurs viscères macèrent
En concerts de serpillières
Qui observent l’heure acerbe
Où s’érigent leurs cercueils
QUI SUIS-JE
Adieu tout ce qui m’oblige
Je ne dirai plus qu'y puis-je
Pour m’affranchir des litiges
Je n’irai pas plus loin dis-je
Que l’horizon qui se fige
Lorsque mes cils sur leurs tiges
Voient mille ciels de prestige
Sans critiquer qu’on exige
D'obéir à qui dirige
Sûr que mon ire en remplace avec ses faux airs de faussaire et la faux en l'air envers et contre tout.
L'Iran place des fosses ou errent de pauvres hères savants bavant le sang.
Sur la place, cent nigauds lents piétinent devant les tinettes et s'en retournent au trot.
les sens décents à cent pour cent aux essences et sans ciel ascendant contre moi et à mon corps défendant.
Ces sans dents aux rares centimes triment et apportent leurs rages et leurs maigres tributs au tribunal du capital.