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Photo du rédacteurMaurice Coton

Le nuage de l'ennui

Amputée de sa première lettre peu après la fermeture définitive de la boutique, l'enseigne du menuisier m'a révélé un nouveau type de commerce : l'enuiserie. M'entendant moyennement avec l'ennui, l'envie m'est venue de regarder si j'avais jamais traité ce thème en poésie. Quel ne fut pas mon étonnement de recenser cinq poèmes ! Je n'en suis pas revenu. Les ayant alignés, j'y ai ajouté alors une ponctuation qui rendra peut-être leur lecture plus facile. Après un long silence de bloc dans ce blog, je n'ai tout de même pas pensé que l'on ait pu s'ennuyer de moi, en me laissant marchander ces mots : à l'enuiserie l'ennui se rit.



LE NUAGE DE L’ENNUI


Sur nul mouton de Panurge,

Toi nuage de l’ennui

Ne dénude tes lainures

Des mains d’une nuit sans lune

Qu’un univers sinueux,

Venu d’un vieux manuel,

Enumère à l’inutile

Retenue, dans l’inconnu

D’une union des annulaires.



ET PUIS ET PUIS

Et puis et puis,

Les jours de pluie,

Chacun s’ennuie,

Sinon s’enfuit

Au fond d’un puits,

S’épuise et puis

Cherche un appui,

Rentre chez lui

Quand vient la nuit.



COMPÈRE L’ENNUI


Du bonheur ou du malheur,

Qui rend le plus malheureux ?

M’a demandé compère l’ennui,

Avec son air des mauvais jours

Le poing levé vers le ciel.


Et je lui ai répondu :

Peu m’inspire ta question,

Entre bonheur et malheur,

Quand les passions se déchaînent,

Les armes remplacent les formes.


Au lieu de te lamenter

Tu devrais faire comme moi,

M’a ordonné compère l’ennui,

En se signant de la croix

Qui annule les commandes.



LE JOUR S’ENNUIE


Le jour s’ennuie,

Et c’est la nuit

Qui nous envoie

Là où l’on voit


Le temps d’avant,

En grand savant

Qui nous appelle,

Et pêle-mêle


Nous revenons

Sur nos vœux. Non

Jamais la mort


Ne sème l’or

De nos miroirs,

Profonds et noirs.



LE SANS-GRADE


Ce gars sans biens

Ne garde rien,

Sinon les nuits

Où il s’ennuie,


Et il s’effare,

Gardien sans phare,

S’enflamme un peu,

Gardien sans feu,


Gardien encore,

Sans les décors

Où il s’entraîne,

Privé d’étrennes,


Gardien qui erre

Aux sanctuaires,

Où l’on s’entend

De temps en temps.



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